Le conservateur et l’expert
Une salle à la fois bureau et bibliothèque avec de nombreux tableaux, les uns accrochés,
les autres entassés, une verrière sur la gauche que l'on peut obturer avec un rideau
noir, un éclairage bien étudié pour éclairer sans ombre une toile posée sur une table
au premier plan; le bureau est à droite vers le fond; deux fauteuils au premier plan.
Saint-Flon (homme d'une soixantaine d'années, vêtu "chaudement") examine une toile
posée sur la table avec à son côté le conservateur - la trentaine, longue écharpe
rouge - visiblement angoissé.
Le conservateur (angoissé et pressé) : Alors ?
Saint-Flon (se redressant lentement et ôtant ses lunettes, après un court silence,
criant presque) : C'est un faux !
Le conservateur (effondré) : Encore !
Saint-Flon (avec un sourire fanatique) : Je m'en doutais. J'en étais presque sûr.
J'en avais la prescience, la science confirme.
Le conservateur (effondré mais vindicatif) : Mais enfin ce n'est pas possible. Un
quatorzième faux ! On n'a plus qu'à fermer le musée !... Je ne vous crois pas.
Saint-Flon (très noble et glacial) : Vous pouvez toujours consulter d'autres experts...
mes élèves sont nombreux... pas tous doués... Vous croirez ce qui vous arrange...
Mais moi j'ai le devoir scientifique d'avertir la presse.
Le conservateur (perdant pied) : Vous ne ferez pas ça ? Adolphe...
Saint-Flon (glacial) : Compte rendu dans la presse spécialisée, puis une note de
deux-trois lignes dans un grand journal en mal de croustillant, le scandale monte,
gros titre, (Il s'exalte :) interview à la télé, d'abord une minute en différé, puis
de dix en direct.
Le conservateur (effondré) : Adolphe, Adolphe, pensez à ces gens de toutes les générations
qui sont venus se planter devant ce tableau et qui l'ont admiré sans réserve; certains
revenaient au musée spécialement pour le voir; on l'a prêté pour des expositions
dans le monde entier, c'est quasiment l'image de la ville; des Chinois, des Américains,
des Argentins etc... ne connaissent notre existence que grâce à lui !
Saint-Flon (presque gaiement) : Eh bien ils se sont tous gourés. C'est un faux !
Moi, Saint-Flon, le plus grand des experts de la renaissance italienne, indiscuté
sauf pas les ânes, je l'affirme.
Le conservateur (se rebiffant) : Mais on a des documents sur lui, des documents anciens.
Saint-Flon : Pfttt.
Le conservateur (fâché) : Je publierai un contre-dossier.
Saint-Flon : Pfttt.
Le conservateur (furieux) : Je vous traînerai dans la boue, je dirai que vous vendez
de la drogue, que vous avez trempé dans des affaires louches de ventes de tableaux...
Saint-Flon : C'est un faux ! (Un temps. Presque gaiement :) J'espère que vous m'inviterez
à la fermeture de votre musée.
Le conservateur (estomaqué) : Hein ?
Saint-Flon : Pour les humains on invite non seulement aux baptêmes, mais aux enterrements;
or, je ne sais pas si vous l'avez remarqué, pour les entreprises diverses, jamais
ceux qui les ferment n'organisent une petite fête d'adieu, en invitant les actionnaires
et le personnel, qui se rencontreraient pour une fois. N'est-ce pas dommage ?
Le conservateur (qui se demande s'il est sérieux) : A mon avis ça se passerait mal.
Saint-Flon : Ah ?
Le conservateur : Mieux vaut une fermeture en douce pour travaux qui ne commenceront
jamais.
Saint-Flon (un peu fâché) : Tant pis; gardez vos petits fours. (A part :) Aucun savoir-vivre
ces gens-là.
(Entre Sabine, sa fille, d'une quinzaine d'années; jean bleu et chemisier blanc.)
Sabine : J'espère que je ne dérange pas. Je m'ennuie trop toute seule.
Le conservateur (crispé mais qui la connaît) : Votre père vient encore de trouver
un faux dans mon musée;
Sabine (embrassant Saint-Flon) : Mon papa, un rien l'amuse, lui.
Le conservateur (crispé et s'énervant à nouveau) : Un rien, un rien. Un tableau de
dix millions qui tombe à quelques milliers de francs...
Saint-Flon (à Sabine; petit ton coupable) : Je crois qu'il est fâché.
Sabine : Pauvre papa, il finira par renoncer à expertiser.
Saint-Flon (tout d'un coup l'oeil brillant) : Ah, cela, non. Jamais !
Le conservateur (tentant le tout pour le tout) : Mais après tout, qu'est-ce que ça
fait que ce tableau soit vrai ou faux ? Hein ? Il n'est pas devenu moins beau. Car
il est beau, vous ne trouvez pas ?... (Air vide de Saint-Flon. Sabine écoute avec
amusement.) Vous l'avez souvent admiré. Vous l'aimez, Adolphe, n'est-ce pas ? Regardez
cette vibration des couleurs, le corps idéal au dessin impeccable de cette déesse...
Quel art du nu, quelle science du dessin et des couleurs... (Presque en extase :)
Dès que je le regarde je me sens heureux.
Saint-Flon (froidement) : Il y a bien des gens qui aiment la fausse fourrure, le
faux croco, le béton, les Warhol et le coca... Les ignares ont leurs plaisirs, des
plaisirs à leur niveau. Remarquez, je ne les méprise pas, une société ne peut pas
être composée uniquement d'êtres supérieurs, elle ne survivrait pas. (Air de plus
en plus découragé du conservateur qui s'assied sur une chaise. Saint-Flon, qui se
veut humain, pour le réconforter :) Du reste, côté technique pure vous n'avez pas
tort, le faussaire était sur ce point bien au-dessus de celui qu'il imitait... C'est
ce qui ne va pas. Le tableau est trop bien fait, c'est sa faiblesse... De là vient
la légère dysharmonie entre ce qui est représenté et la manière dont c'est représenté.
Mais une fois que l'on s'en est rendu compte on ne voit plus que ce défaut.
Le conservateur (désolé) : Mais qu'est-ce que je vais faire !
Saint-Flon (gaiement) : Changez de métier.
Sabine (ironiquement) : Je crains que le conseil de mon petit papa ne relève pas
le moral de Monsieur le conservateur.
Le conservateur (se levant) : Je vous laisse le tableau pour que vous réfléchissiez
encore.
Saint-Flon : C'est bien inutile.
Le conservateur (s'en allant) : Si, gardez-le un ou deux jours... Réfléchissez. (Presque
menaçant :) Réfléchissez bien avant d'écrire l'irréparable. (Il sort.)
Saint-Flon (méprisant) : Pfttt ! (Il s'avance jusqu'à la porte, la rouvre et crie
:) C'est un faux ! (Rentrant :) Et en plus il croit pouvoir me menacer, moi !
Sabine (ironique) : Les gens sont insensés : on brise leur vie et ils protestent.
Saint-Flon : Un faux est un faux. Je suis un scientifique. J'ai le culte de l'analyse,
de l'expertise, des rayons X, de la chromatographie, des catalogues poussiéreux,
des documents introuvables, des bibliographies insensées... et surtout j'ai le flair.
Sabine (ironique, lui embrassant le nez) : Mon papa, il a une bonne truffe.
Saint-Flon : Plaisante, plaisante. Mais aucun expert n'a trouvé autant de faux que
moi.
Sabine : Ce sont des petits.
Saint-Flon : Ce sont des nains. (Reprenant le tableau et l'admirant :) Tout de même,
quel faussaire prodigieux ce Léonard de Vinci !
Sabine (interloquée) : Hein !
Saint-Flon : Tu vois, même toi je peux encore t'étonner.
Sabine : Mon petit papa très chéri serait-il devenu tout à fait toc toc ?
Saint-Flon (menaçant) : Du respect, gamine !... (Changeant de ton, en confidence
:) C'est la grande découverte de la fin de ma vie : le Léonardo, il adorait imiter
les tableaux des autres. Une folie, un caprice, le goût de l'amusement, pour faire
une farce ou pour apprendre ce que chacun avait de particulier, je ne sais pas encore.
Toujours est-il que j'en ai déjà repéré plusieurs. Et dans de grandes collections.
Sabine (très inquiète) : Alors, ça, ce n'est pas un tableau de Palma l'ancien ?
Saint-Flon : Eh non.
Sabine : Ce n'est pas une copie d'atelier ?
Saint-Flon : Tu n'imagines pas qu'un artiste de second plan pourrait arriver à cette
perfection ? Enfin ! Ouvre les yeux !
Sabine : Ce n'est pas un faussaire moderne qui... que... bref ... ?
Saint-Flon : Pfttt... Il ne m'aurait pas trompé une seconde.
Sabine : Ah oui. Et pourquoi Léonardo ?
Saint-Flon : Il s'est trahi en différents endroits, sa touche, sa manière réapparaissant,
des réussites impossibles pour Palma. Ce tableau serait le chef-d'oeuvre absolu de
ce peintre s'il l'avait peint.
Sabine : Seulement voilà...
Saint-Flon : ... il en était bien incapable.
Sabine : Et si ce n'est pas lui qui l'a peint...
Saint-Flon : ... ce n'est plus un chef-d'oeuvre, c'est un faux.
Maman (femme nettement plus jeune que son mari, d'une quarantaine d'années, encore
belle; entrant) : Que se passe-t-il ? Je viens de voir partir ce pauvre Félibien
effondré.
Sabine : Papa vient de découvrir que son Palma l'ancien est un faux...
Maman : Ah quel malheur...
Sabine : ... peint par Léonard de Vinci.
Maman : Ah ! (A Saint-Flon :) Et cette paternité ne l'a pas consolé ?
Saint-Flon (hypocritement) : Je ne lui ai pas tout dit; deux chocs à suivre, cela
aurait pu le tuer.
Maman (s'avançant et regardant le tableau d'un peu loin) : Enfin... tu es sûr ?
Saint-Flon : Naturellement !
Maman : Parce que tu t'es trompé quand même assez souvent tout au long de ta carrière.
Saint-Flon (légèrement) : L'erreur est humaine, l'important est d'être de bonne foi.
Sabine : Mon papa, il est très très humain.
Maman : Je me souviens du scandale Belleau, je n'ai pas envie de revivre ça.
Saint-Flon (fâché) : Ah, revoilà cette histoire ! Saleté de femelle, toujours à rabâcher
ce qu'on n'a pas réussi. Et encore... je n'ai pas changé d'avis... Le tableau était
un faux simplement beaucoup plus ingénieux que je ne l'avais cru.
Maman : Ce n'est pas ce qu'a dit son auteur.
Saint-Flon (grommelant) : Si j'avais su qu'il était encore vivant, celui-là...
Sabine : Si mon papa avait su que ce n'était pas un tableau de la renaissance, jamais
il n'aurait accepté de faire l'expertise !
Saint-Flon : Du moment que l'on nie mes compétences, je vous cède la place. Non,
mais. (Il sort, fâché.)
Maman (irritée) : On ne peut pas discuter avec toi. (A Sabine :) Tu n'aurais pas
pu le raisonner au lieu de faire la petite fille !
Sabine : Ma maman, elle a couché avec monsieur Félibien, alors elle trouve que ses
tableaux sont vrais.
Maman (tout à fait irritée) :Tu dis des sottises.
Sabine : Ma maman elle peint très très bien... même des Léonard de Vinci.
Maman (inquiète) : Mais qu'est-ce que tu racontes !
Sabine : Quand Monsieur Félibien a été très très bien au lit, alors ma maman elle
prend ses pinceaux et elle enrichit son musée.
Maman (très inquiète) : Sabine tu vas prendre une claque et une bonne.
Sabine : Le problème c'est que mon papa détecte les faux de ma maman, c'est un drame
conjugal.
(Un temps. Silence.)
Maman : Ton père il ne me baise plus, c'est pour ça... Mais je l'aime toujours, à
ma façon. Sinon je serais partie.
Sabine (perfide et implacable) : Heureusement qu'il ne connaît pas sa chance.
Maman (ignorant la remarque) : Une femme a besoin d'un certain bonheur sexuel, moi
en tout cas, je pense que tu peux comprendre ça ?
Sabine : ...
Maman : Quand je l'ai épousé il y a quinze ans, tout était parfait; avec ses quarante-cinq
ans il était physiquement et intellectuellement l'homme de mes rêves. Mais les rêves
vieillissent. Tout est vieux en lui maintenant, ses pectoraux sont vieux, ses muscles
sont vieux, son sexe est vieux, et sa tête rabâche, s'entête dans des enfantillages.
Il m'attendrit et il me dégoûte... J'ai cru que je partirais. Je n'ai pas pu... Au
début j'ai fait les bars, pour avoir des rencontres, pour revivre, mais ça commençait
à se savoir, tout se sait. Félibien est venu, il n'avait qu'un minuscule musée, sans
rien d'intéressant, et pourtant il était plein d'ambition, il voulait voyager, écrire
dans les revues, donner des conférences, être reçu dans les universités, participer
aux rencontres internationales... Et pour la morale, il n'en a pas. Aucune... Pas
le moindre scrupule, à tel point qu'il est pour moi un perpétuel sujet d'étonnement...
Il est beau Félibien, il est fort, j'aime son corps, j'aime tout son corps. Quand
il veut, il me domine complètement. Je lui obéis, je m'abaisse, je me soumets à lui.
Je fais ce qu'il demande.
Sabine : Des faux.
Maman : Et alors ? A quoi me servait mon talent dans ce siècle qui prend pour de
l'art le fait d'exposer quelques détritus ou de peindre une toile entièrement de
la même couleur ? Au moins il me sert comme monnaie d'échange pour du sexe, de la
jouissance sexuelle, du bonheur sexuel. En fin de compte je ne m'en tire pas si
mal. J'ai presque de la chance.
Sabine : Et tu en fais profiter tout le monde.
(Maman lui donne une claque.
Silence gêné.)
Sabine : Tromper les papas rend les mamans violentes... Avant jamais tu n'aurais
fait ça.
Maman : Avant j'avais beaucoup et pas besoin de le protéger, maintenant je n'ai presque
plus rien et je m'y accroche.
(Nouveau silence.
Saint-Flon rentre avec un petit tableau à la main.)
Saint-Flon (l'air préoccupé) : Permettez, j'aurais besoin de mon bureau. (Il installe
le tableau, règle les éclairages... Marmottant :) Y a pas... Lui aussi... Tiens,
là... et puis là... Eh ben... Qui l'eût cru ?
Maman : Quoi ?
Saint-Flon : C'est un faux !
Maman (qui a jeté un coup d'oeil au tableau; pas étonnée) : Ah.
Saint-Flon : Un tableau de, je dis bien "de", officiellement "de" Léonard de Vinci...
C'est un faux !
Maman (ironiquement) : Et qui l'a peint ?
Saint-Flon : Michel-Ange.
(Court silence.)
Sabine : Pas vrai. C'est ma maman, pour son amant monsieur Félibien.
(Silence.
Saint-Flon, frappé, semble la proie d'idées qui l'assaillent, il regarde sa femme,
il regarde sa fille... Il réfléchit... Ses traits se détendent, puis soudain furieux
:)
Saint-Flon (furieux) : Jamais elle n'a voulu en peindre pour moi !... (Brusquement
calme et méditatif :) Accessoirement je suis cocu aux yeux de ma fille... (En rage
:) Une bonne chose que je fasse fermer son musée à celui-là ! (Un temps. A sa femme
:) Mais pourquoi pas pour moi !
Maman (agacée) : Voyons, mon chéri, toi je t'ai épousé, je n'ai pas eu besoin de
te faire des cadeaux pour te retenir.
Saint-Flon : Je t'ai bien offert des fleurs, moi.
Maman (ironique) : Merci, chéri.
Saint-Flon : Et une fille.
Sabine : Merci papa.
Saint-Flon (à Sabine) : Toi, n'en rajoute pas... (En direction de sa femme :) Dire
que j'aurais pu avoir mon musée à moi, selon mes rêves, avec des faux choisis par
moi, faits selon mes indications, authentifiés par moi... Mais tu as fait ton musée
toute seule, de ton côté, en égoïste... avec l'âne Félibien !
Maman : Le vigoureux Félibien.
Saint-Flon : Mais qu'est-ce qu'il a pour mériter un musée ?
Maman : Il bande... Longtemps.
Saint-Flon : Ce que les femmes peuvent être matérialistes. Je te croyais un peu plus...
un peu plus... côté tête.
Maman : J'avais plus d'âme quand tu avais plus de corps. Quand tu étais toujours
après moi, ça m'agaçait et je pouvais rester très idéaliste... j'ai cessé de l'être
le jour où j'ai dû trouver des remplaçants.
Saint-Flon : Ma pauvre chérie, c'était difficile ?
(Regard noir de maman.
Un temps.)
Sabine (petite voix) : C'est comme si j'étais toute seule, c'est comme si j'avais
perdu mes parents...
Saint-Flon : Ah, mais non, mais non...
Maman : Il y avait une bêtise à dire, elle l'a dite.
Saint-Flon : Tu es la seule oeuvre de ta mère qui ne soit pas un faux. (Enlaçant
Sabine qui résiste :) Sa seule réussite. Il faut dire que j'y ai mis du mien.
Sabine (en larmes) : Je ne veux plus être que ta fille à toi.
Maman : Tu vas prendre encore une claque si tu continues.
Saint-Flon : Ta mère est très coupable bien sûr. Elle a fait des faux pour un âne...
Est-ce qu'on l'envoie en prison ?
Sabine : On les y envoie tous les deux !... Enfin, pas ensemble.
Saint-Flon (malin) : Mais si, vingt ans dans la même cellule...
Maman : Heureusement non. Je ne sais pas quoi lui dire à ce type, moi, à part "baise-moi".
Côté conversation, il est un peu juste.
Sabine (dans les bras de papa) : Bien fait. Une maman reste fidèle à sa fille.
Saint-Flon : Bien pensé.
Maman (ironique) : J'aurais eu besoin de quelques substituts...
Saint-Flon : Si au moins elle s'amendait...
Sabine : Elle pourrait regretter au moins.
Maman (petit rire) : Ça non... S'amender pourrait suffire ?
Sabine : Non.
Saint-Flon : Oui.
Maman : Je garde Félibien une fois tous les quinze jours et on fait la paix.
Saint-Flon : Tous les mois.
Sabine : Mais non. Papa !
Saint-Flon : Attends, je n'ai pas fini. Et elle fera des faux sous ma direction,
pour moi, exclusivement.
Maman : D'accord.
Sabine : Non ! Non ! Plus de Félibien, plus de faux ! Et des regrets.
Maman : Pour les regrets, pas question. Les faux, je m'en fous...
Saint-Flon : Pas moi.
Maman : Et ton père prendra les pilules qu'il n'a jamais voulu prendre.
Sabine : Papa est prêt à des sacrifices pour ramener ma maman à la maison.
Saint-Flon (fâché) : Ah, les gosses.
Sabine : Quant aux faux, maman les fera sous la direction de papa, mais elle les
signera fièrement et on les exposera comme les plus beaux faux qui aient jamais été
peints.
Saint-Flon : Ça ne va pas rapporter gros.
Sabine : Est-ce qu'on scelle le pacte ?
Maman : Mais oui, ma chérie.
Saint-Flon : Si tu y tiens.
Sabine : Mettez vos mains sur les miennes. Voilà. Par ce geste vous acceptez tout
ce qui vient d'être dit.
Maman : Parfaitement. (On entend gratter à la porte.)
Saint-Flon : Si tu y tiens.
Sabine : Nous voilà tous de nouveau soudés. Je vais le dire à minet... qui était
très inquiet. (Elle va vers la porte, l'ouvre et prend le chat dans ses bras.)
Saint-Flon (à mi-voix, à Maman) : Un Toulouse-Lautrec pour le Guggenheim de New York...
Maman (à mi-voix, à Saint-Flon) : Prends tes pilules d'abord.
Sabine (revenant, au chat) : Tu vois : tout va bien. J'ai retrouvé mes parents.
FIN